Défi n°4: Trouver des mètres carrés

Ce n’est pas bien grand un mètre carré, une grande taie d’oreiller ou une petite couette, un carré d’un mètre de côté. Mais ces petites surfaces ont tendance à fuir les villes denses à tire-d’ailes. Au point qu’aménageurs et promoteurs courent toujours derrière, prêts à dépenser des fortunes pour en attraper quelques-unes.

En cherchant, on trouve toujours…

Le plus simple consisterait évidemment à aller les cueillir là où ils poussent en pagaille, les campagnes en sont pleines. Le hic, c’est que même petit, le mètre carré est intransportable. Il faut faire avec, là où il est. Or le mètre carré naturel a deux contraintes majeures aux yeux d’un aménageur. D’abord, il fait partie des réserves agricoles ou de terres non bâties qu’il faudrait laisser intactes, pour l’avenir de notre alimentation et « accessoirement »celui de notre planète. Ensuite, et malgré cette valeur refuge qu’on lui attribue désormais, il ne vaut pas un clou, ou presque.

Bizarrement, le mètre carré pollué, se vend un peu mieux, à condition qu’il soit bien situé et briqué. Les villes ont grandi, absorbant peu à peu les terrains et les bâtiments des usines dont l’activité était reléguée plus loin. Ces anciennes halles, ces grands vides, ces «trous noirs»  font d’excellents sites à rebâtir ou à rénover, malheureusement souvent bourrés de métaux lourds et d’hydrocarbures. Une fois frotté et astiqué, plus propre que jamais, le mètre carré industriel devient un intéressant placement.

Le mètre carré bâti, plus ou moins ancien, à agrandir ou rénover ne fait pas toujours rêver les opérateurs. Ils aiment apercevoir l’horizon et imaginer le leur… Ici il faut faire avec l’existant, tenir compte du déjà là, d’un quartier, de bâtiments, et même… d’habitants et de tas de gens qui donnent leur avis. Autant dire d’un paquet de complications. Ce mètre carré là, parfois un peu cabossé, pas très droit est pourtant désormais le plus abondant dans les villes, que les élus souhaitent refaire sur elles-mêmes, plutôt que de les étendre.

Inabordable, pollué ou cher, compliqué… cette surface n’est finalement pas si simple à trouver.

Alors quand on ne trouve pas…  on invente!

La dernière -et la plus récente- solution consiste en effet à fabriquer de nouveaux mètres carrés, en construisant sur un sol qui n’existe pas. Pas très fondée comme idée?  Sauf si les mètres carrés sont  bâtis sur une dalle, qu’il faut donc aussi édifier, et souvent à grands frais, au-dessus d’une voie ferrée ou d’une route.  Certains rêvent même d’enjamber des fleuves et d’habiter des ponts…

Paradoxalement, la France ne manque pas de terrains, mais de mètres carrés… constructibles et abordables, c’est à dire aménagés pour recevoir des usages urbains, des immeubles, des espaces publics… A travers des grands et des petits projets, «ça déménage dans l’aménagement» passe au crible ces nouveaux terrains de jeu qui forment la matière première des acteurs de l’urbain. Tout en posant une question: l’alternative à l’étalement urbain est-elle la densification et la construction en hauteur ou bien une meilleure répartition des ressources sur le territoire ? A vos crayons ! Vous avez jusqu’au 26 novembre…

CITY Linked et Catherine SABBAH

Ouvrage réalisé avec le soutien de: Altarea Cogedim, APSYS, Bouygues Immobilier, Citallios, Emerige, Engie Aire Nouvelle, EPF Ile de France, FREY, Grand Paris Aménagement, Icade, Les Résidences Yvelines Essonne, Novaxia.

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